Aspirine et risque cardiovasculaire : Plus de saignements que de prévention ?
Étude
Résumé de l'étude
Malgré la baisse du nombre de décès dus aux maladies cardiovasculaires au cours des dernières décennies, la mortalité due aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) et aux infarctus du myocarde reste globalement stable. C'est pourquoi de plus en plus de mesures préventives sont prises pour éviter les événements cardiovasculaires en optimisant les facteurs de risque.
L'une des cibles est l'utilisation correcte de l'aspirine à visée cardiaque, car son emploi en prévention primaire des événements cardiovasculaires demeure controversé. Ses bénéfices potentiels sont contrebalancés par un risque accru de saignements cliniquement significatifs.
Dans la présente méta-analyse, les chercheurs ont examiné le lien entre l'utilisation préventive de l'aspirine pour les événements cardiovasculaires et son risque accru de saignements.
Résultats et conclusion
Les résultats de l'étude ont montré que, sur l'ensemble de la population étudiée, l'utilisation d'aspirine réduisait légèrement le risque de conséquences cardiovasculaires (HR 0,89, IC 95 % [0,84-0,94], numbers needed to treat (NNT) : 241). En revanche, le risque de subir un saignement grave était significativement plus élevé (HR 1,43, IC 95 % [1,30-1,56], numbers needed to harm (NNH) : 210). De plus, un risque plus élevé d'hémorragies intracrâniennes et gastro-intestinales a également été observé suite à l'utilisation d'aspirine (Figure 1).
Le fait que le NNT soit supérieur au NNH indique que pour chaque patient chez qui une conséquence cardiovasculaire est évitée, au moins un patient a subi une hémorragie grave.
Même pour les personnes présentant un risque cardiovasculaire élevé, la réduction du risque de conséquences cardiovasculaires était inférieure à l'augmentation du risque d'hémorragies graves (NNT : 160 vs. NNH : 152), tout comme chez les patients diabétiques (NNT : 153 vs. NNH : 121). Par conséquent, l'utilisation de l'aspirine en prévention cardiovasculaire primaire entraîne donc plus de saignements que de préventions.
Figure 1 | L'utilisation de l'aspirine pour la prévention cardiovasculaire comporte un risque de saignements. L'aspirine ne réduit que légèrement le risque de conséquences cardiovasculaires (NNT : 241), mais n’a que peu d’effet sur la mortalité cardiovasculaire ou globale. En revanche, l'utilisation d'aspirine entraîne un risque plus élevé de saignements (NNH : 210), qu'il s'agisse d'hémorragies intracrâniennes ou de saignements gastro-intestinaux graves.
Source : Association of Aspirin Use for Primary Prevention with Cardiovascular Events and Bleeding Events. Zheng et al. 2019 (JAMA).
- Lien vers l'étude complète
- Une question ? Utilisez notre formulaire de contact.